jeudi 7 novembre 2013

Prostitution: règlementation, piège à cons !

Alors qu'une proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel doit être débattue à l'Assemblée Nationale, les médias se font l'écho des débats sur la prostitution, incluant parfois, les pires injures sexistes et atteintes à la dignité des femmes.
Le summum de la beaufitude crasse :
" l'Appel des 343 salauds : Touche pas à ma pute".

Le corps des femmes un enjeu majeur dans nos sociétés. 

Militante des droits des femmes, j'étais à l'Assemblée Nationale pour participer ce mardi aux "  Rencontres  Européennes de l’Égalité : La France, l'Europe et le système prostitutionnel ", organisées par le Haut Conseil à l'Egalité entre les hommes et les femmes.

Présente à ce colloque, pour écouter l'état des lieux dressé par des représentant-es d'autres pays d'Europe, notamment de la Suède où la pénalisation des "clients" existe depuis 15 ans, de la Lituanie où des femmes de plus en plus jeunes disparaissent pour finir dans la prostitution en Allemagne ou aux Pays Bas.

Présente à ce colloque, car face à la réaction des lobbies pro prostitutionnels contre ce projet de loi, il est important de montrer que nous sommes déterminé-es à avancer dans le sens du progrès de la société.

Présente pour témoigner mon soutien à Danielle Bousquet qui, avec son collègue Guy Geoffroy a initié la 
loi du 9 juillet 2010 contre les violences faites aux femmes.

Présente pour marquer ma solidarité avec :
- Maud Olivier, députée de l'Essonne, auteure de la proposition de loi qui doit être débattue à l'Assemblée autour du 25 novembre

- Catherine Coutelle
et Brigitte Gonthier-Maurin, présidentes des délégations aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes, respectivement à L'Assemblée Nationale et au Sénat.
En puis, j'y ai retrouvé les copines, responsables féministes, qui sont mobilisées depuis des années sur les questions de violences faites aux femmes.

La domination masculine au cœur de la prostitution


La grande majorité des personnes prostituées sont des femmes ( environ 90 % ).
La quasi totalité des acheteurs d'actes sexuels sont des hommes.
Les "clients" imposent  à des femmes en situation de précarité des actes sexuels, grâce à leur domination économique.
La grande majorité des personnes prostituées arrivent en France par les réseaux de traite des êtres humains venant des pays de l'Est, d'Afrique ( 70%).
La grande majorité des personnes prostituées subissent des violences physiques et psychologiques.

Si, comme tous les organismes internationaux ( ONU, Parlement européen...)  nous admettons que la prostitution est une violence faite aux femmes, un système qui entrave l'égalité entre les hommes et les femmes et est directement lié à la traite des êtres humains et au crime organisé, il est du devoir des Etats de prendre les mesures nécessaires à son abolition.

Une proposition de loi humaniste et progressiste

Cette proposition de loi fait suite à deux rapports parlementaires et de nombreuses auditions. Elle est l'un des objectifs du collectif " Abolition 2012 " qui depuis 2 ans se mobilise sur la question. Elle devrait permettre une approche globale de la question avec différents volets : éducatif, juridique, social, sanitaire et pénal.
Mais surtout, elle renverse le regard de la société sur la prostitution :  puisque l'acte sexuel est une marchandise, le meilleur moyen de lutter contre la prostitution est de tarir la demande.

Aussi la loi permettra de responsabiliser les acheteurs d'actes sexuels en les informant et en les pénalisant, et non plus de pénaliser les personnes prostituées qui sont les victimes des violences.

Ainsi cette loi, en changeant le regard de l'Etat sur la prostitution, et en délégitimant l'achat d'un acte sexuel permettra d'avancer vers plus de respect et d'égalité entre les femmes et les hommes.

Quelques nuages  

Il est affligeant que certaines personnalités politiques ou associatives confondant idéologie libertaire et économie libérale en arrivent à combattre cette loi.
Il est déplorable que quelques rares personnes prostituées s'intitulant "travailleurs du sexe" arrivent à convaincre que la prostitution serait un simple jeu libertin où l'on peut gagner de l'argent.
Il est étonnant que le discours des réseaux de traite des êtres humains concernant la réouverture des maisons closes qui amélioreraient  la condition des personnes prostituées soit repris dans certains media : toutes les études sur l'Allemagne, les Pays Bas ou l'Espagne montrent  l'inverse.
La réglementation a favorisé la prise de contrôle du crime organisé sur les Eros Center,  et renforcé le proxénétisme et la traite des êtres humains.

" On dit que l'esclavage a disparu de la civilisation européenne. C'est une erreur. Il existe toujours, mais il ne pèse plus que sur la femme, et il s'appelle prostitution". ( Victor Hugo, Les Misérables, 1862 )