mardi 24 novembre 2015

Sousse, Ankara, Paris, Bamako, Tunis ... face à la haine nous resterons debout !

Le 4 juillet dernier, j'étais à Sousse, pour un hommage citoyen aux victimes des terroristes.
Notre mot d'ordre : "En Tunisie et dans le monde, stop au terrorisme islamiste, stop à la barbarie djihadiste".
Nous avions ignoré la frilosité des politiques à soutenir notre voyage.
Nous avions passé sous silence le peu de couverture de notre événement par les médias français, alors que nous avions fait la Une des médias tunisiens.
C'était le temps du deuil, du recueillement.

Depuis le 13 novembre, la France pleure les victimes des attentats du 13 novembre.

Aujourd'hui, un nouvel attentat vient de faire au moins 13 morts, à Tunis. Je me souviens que 3 jours après l'attentat de Sousse, le leader d'Ennahda, l'officine tunisienne des Frères musulmans clamait qu'ils étaient les seuls à pouvoir arrêter le terrorisme. Pompiers pyromanes, double discours. J'attends le nouveau communiqué du leader d'Ennardha ...

Autant vous dire que lorsque je vois en France, des imams salafistes condamner les actes terroristes, je repense à la Tunisie. Cette unanimité des imams de France à vouloir représenter "les musulmans de France" et à condamner la violence me laisse dubitative. L'unité, un écran de fumée qui masque l'hétérogénéité des personnes issues de pays de culture musulmane et dont la grande majorité, ici en France, est laïque.

Pour vivre et travailler dans un quartier très mixte, je sais la détestation des "barbus" d'une bonne partie des personnes originaires d'Algérie, de Tunisie, ou d' Iran.
Pour connaître des femmes ici et là-bas, je sais combien la haine des femmes et des minorités sexuelles est le ressort de l'islam politique. Il n'y a pire sourd que celui ou celle qui ne veut pas entendre : le voile sur les femmes reste bien l’étendard de l'offensive de l'islam politique et le symbole de la séparation femmes/hommes.
Cette "unité" symbolisée par un prêche contre la violence dans toutes les mosquées de France,  relayée par nombre de médias, au lieu de rassurer, inquiète. Elle inquiète car outre le fait qu'elle est une imposture, elle nourrit le racisme anti-musulman et fait le lit du Front National. La fermeté de François Hollande et Manuel Valls a beau être plébiscitée, le FN grimpe dans les sondages, car personne n'est dupe : les uniformes des salafistes parlent d'eux-mêmes.


Malgré cela, des pseudo-experts tentent de nous vendre le "salafisme quiétiste". La belle affaire ! Qui a vu les vidéos de ces imams fondamentalistes n'y croit pas une seconde.

Les imams fondamentalistes qui prêchent la déshumanisation de ceux qui mangent du porc ou écoutent de la musique, et qui en appellent au viol des femmes, encouragent la haine et le repli identitaire. De là à basculer du "quiétisme" à la violence et au djihadisme, il n'y a qu'un pas : la frontière est bien ténue. Sans parler du mépris des principes républicains et de la laïcité que les fondamentalistes répandent chez leurs ouailles.
 
Quant aux idéologues islamo-gauchistes, prompts à manifester aux côtés de ceux qui agitent les drapeaux du Hamas et dénoncent un "philosémitisme d'état" fantasmé, ils dénoncent l'état d'urgence et crient au loup en annonçant un état policier et militarisé, plutôt que de voir le danger réel d'un nouvel attentat et ses conséquences humaines dramatiques. Ont-ils oublié combien nous sommes attaché-es à nos libertés ? A moins qu'ils ne minimisent les victimes d'un nouveau massacre : les massacres, un point de détail de l'histoire de la lutte des classes ?  Je les entends encore dire que les victimes du carnage au café La Belle Équipe, ce sont des bobos ! Que penser de l'AFP qui avait parler de "militants" plutôt que de "terroristes" ce vendredi 13 novembre ? 
#jesuischarlie janvier 2015
La Belle Equipe novembre 2015



















Je sais que nous sommes beaucoup à alerter depuis des années de la montée des intégrismes, de tous les intégrismes. Je sais aussi que beaucoup se sont tus et se sont réfugiés dans l'abstention, voyant l'inertie des autorités. Mais je sais aussi qu'aujourd'hui, ensemble, nous ne voulons pas renoncer à notre rêve d'une société républicaine, laïque, apaisée.