dimanche 28 novembre 2010

Le 25 novembre, et après ?

Quand arrive la Journée Internationale pour l'Elimination des Violences à l'égard des Femmes, il me faut choisir entre événements locaux, régionaux ou nationaux voire internationaux.

Cette année, j'ai choisi la région Ile-de-France, le 20ème ardt, mais aussi une intervention auprès des Jeunes Verts.

Au Conseil Régional Ile-de-France, soirée ciné-débat-buffet
le Centre Hubertine Auclert, centre de ressources pour l'égalité, nous a présenté le nouveau film-documentaire Encore Elles !, qui retrace le mouvement des femmes de ces 40 dernières années.
A suivi un débat avec les réalisatrices et des personnalités féministes qui ont soulevé 2 problèmes :
- 51 minutes pour retracer l'histoire du mouvement des femmes, c'est impossible.
- les débats à l'intérieur du mouvement ne sont pas traités.
Il s'agit donc, d'une histoire du mouvement, parmi d'autres, mais qui a au moins le mérite d'exister.
Il est vrai que si des tas d'ouvrages, livres, conférences, expos sur le mouvement des femmes, ont surgi cette année, peu de chose du point de vue cinématographique.

Dans le 20ème ardt, j'ai choisi de soutenir 2 manifestations organisées sous l'impulsion d'Ariane Calvo, adjointe chargée de l'égalité femmes/hommes :

- L'Exposition de Catherine Deudon, photographe qui a couvert le mouvement des femmes depuis les années 70, est enfin arrivée. Nous attendions avec impatience cette décision de la mairie du 20ème ardt.
Avec un bémol : le choix de la mairie du 20ème d'installer l'exposition dans le petit salon d'honneur, plutôt qu'au Carré de Baudouin. Du coup, l'expo est passée de 120 à 46 photos. 46 photos ... pour 40 ans.
Malgré tout, l'inauguration ce 26 novembre en mairie du 20ème ardt a été un succès. " Photos en Mouvements" nous raconte les diverses facettes du Mouvement des Femmes, entre drames, humour, luttes, joie et parfois rage de vivre.

Je me souviens de l'accrochage... lors de la
première exposition en mairie du 9ème ardt. Plus de 120 photos. Les ami-es venu-es l'aider la veille pour l'accrochage, Catherine au bord de la crise ...














- Soirée au Carré de Baudouin avec au programme :

En première partie, la lecture par Sophie de Larochefoucauld de " La douceur du velours " avec l'auteure du texte, Christine Reverho. Étonnante performance, puisque S de Larochefoucaud joue cette pièce actuellement au théâtre des Mathurins ( 75008 ). Or cette fois, pas de jeu de scène, uniquement le texte. Un texte plein de délicatesse et de vérité sur la descente aux enfers d'une jeune femme confrontée à la violence de son compagnon. Un texte construit à partir de rencontres avec des femmes violentées. Un texte et une voix qui nous ont capté-es, pendant presque une heure.

En deuxième partie, un récital d'Agnès Bihl. Agnès, elle participe à sa façon au mouvement des femmes. Certain-es la qualifient de caution féministe de la chanson française d'aujourd'hui. Ce qui est sûr, c'est que ce soir, elle nous a sidéré-es par son énergie et ses textes, écrits parfois au vitriol.
Accompagnée au piano, elle nous a livrée sa chanson sur l'inceste qui vous tord les tripes. Mais aussi son incroyable énergie sur scène, son punch, son humour, ses rires et ses révoltes.

Après une telle soirée, inutile de dire combien il est important de se retrouver autour d'un verre de l'amitié. J'y retrouve nombre de copines impliquées dans les luttes de ces dernières années, sur l'accès à l'IVG, les violences faites aux femmes, l'égalité et la parité.

Chez Dédé la Frite avec les Jeunes Verts

La campagne "Viol : la honte doit changer de camp" a touché les Jeunes Verts qui m'ont invitée pour une soirée-formation sur les violences faites aux femmes.
C'est toujours un vrai plaisir que de pouvoir transmettre aux plus jeunes quelques pistes de réflexion.

La qualité de leur écoute mais aussi la sincérité de leurs interventions m'ont encouragée à les inviter avec les jeunes d'Osez Le Féminisme, pour une visite guidée de l'exposition photos de Catherine Deudon.
Rendez-vous a donc été pris pour une visite en présence de Catherine Deudon et de Nadja Ringart, sociologue.

Décidément, les célébrations des 40 ans du MLF auront permis la jonction entre toutes les générations de féministes, et permis aux plus jeunes de se réapproprier notre histoire.

25 novembre 2010, éliminer les violences faites aux femmes

Une fois qu'on a ouvert les yeux, difficile de rester en marge des manifestations organisées à l'occasion du 25 novembre.

le 25 novembre ? C'est la date choisie par l'ONU en 1960 pour célébrer la Journée Internationale pour l'Élimination de la Violence à l'égard des Femmes et mettre en place des programmes pour l'élimination de ces violences.

Cinq décennies plus tard, les chiffres sont toujours terrifiants. Des millions de meurtres, de tortures, de viols et de mutilations sexuelles de par le monde. Pas un problème individuel, une question de société, partout dans le monde.

Mais comment venir à bout des violences faites aux femmes si on ne déconstruit pas les rôles auxquels nous assignent nos sociétés patriarcales ?


En France, selon l'Observatoire National de la Délinquance, le nombre de femmes victimes de violences physiques et sexuelles a augmenté en 2009 :

- 654 000 femmes violentées en 2009
- 1 femme meurt tous les 2 jours sous les coups de son compagnon
- 198 000 femmes victimes de tentatives de viols en 2009, 75 000 sont violées.
- 8 fois sur 10 l'agresseur est connue de la victime, 1/3 des viols ont lieu au sein d'un couple.

2010 : La lutte contre les violences faites aux femmes est déclarée Grande cause nationale par le 1er ministre. Un effet d'annonce : les finances ne suivent pas et les associations d'aide aux victimes sont au bord du gouffre. Le gouvernement se défausse sur les régions ou les municipalités pour financer les hébergements d'urgence ou les emplois pour les personnes qui accompagnent les victimes des violences.

Et malgré tout, une étape a été franchie ce 9 juillet 2010.
Suite à la mobilisation des associations féministes, et à quelques parlementaires convaincu-es, le Parlement a enfin légiféré.
J'étais allée, avec d'autres responsables féministes, assister à la séance du Sénat consacrée à cette loi.
Malaise : 2/3 de l'hémicycle était vide. Indifférence, gène ou déni du problème dans cette assemblée composée à 78.2 % d'hommes ?
Pourtant, celle loi est une avancée historique pour les droits des femmes en France.
Vote à l'unanimité de la loi contre les violences faites aux femmes et création de " l'Ordonnance de protection". En d'autres termes, le juge des affaires familiales peut prendre une mesure d'urgence, type éloignement du conjoint dangereux, quand une femme semble en danger.

25 novembre 2010 : la loi n'est toujours pas appliquée dans tous les départements, faute de sensibilisation et de formation des professionnel-les. Une majorité des victimes ont peur d'aller chez les gendarmes ou les policiers. La suppression du Ministère des Droits des femmes et le démantèlement du SDFE (Service des Droits des Femmes et de l'Égalité) entravent la mise en œuvre de cette loi. Les services du SDFE étaient chargés entre autre, d'impulser et de mettre en place sur tout le territoire français, la lutte contre les violences faites aux femmes. Aujourd'hui, sans Ministère des Droits des Femmes, ni d'administration pour suivre l'application des lois, difficile de faire avancer les droits des femmes dans la réalité.



Alors si le CNDF, Collectif National pour les Droits des Femmes, à l'origine de la loi votée le 9 juillet dernier, a estimé qu'un grand pas avait été franchi du point de vue législatif, il a appelé à un
rassemblement devant le Ministère des Finances ce 25 novembre. Nous le savons, cette loi, a besoin de financement pour être appliquée. Or, si certains conseils régionaux ou municipalités apportent leurs contributions financières, le désengagement financier de l'État sans compensation des collectivités territoriales est un frein à la mise en œuvre de cette loi.

En clickant sur les liens en bleu, vous avez accès à des vidéos, photos ou textes

mardi 2 novembre 2010

le féminisme n'est pas mort, je l'ai rencontré le 23 octobre

Année 2009 : la remise en cause par le gouvernement des subventions au Planning Familial ouvre la porte à une nouvelle vague féministe.
Alors que depuis 3 décennies, les jeunes se désintéressaient des revendications féministes, ce sont des dizaines de milliers de jeunes, filles et garçons qui signent la pétition de soutien au Planning Familial. La tentative de coupe sombre budgétaire concernant les finances de cette association a réveillé les consciences.
D'autant plus que la génération des 20-30 ans qui arrive sur le marché du travail a compris que l'égalité salariale et professionnelle n'est pas au rendez-vous, imaginé ou espéré...

Ces dernières années avaient vu l'émergence de nouveaux réseaux ou associations dont Mix-Cité et la Barbe, se revendiquant du féminisme. Les prémices d'une nouvelle vague.





2009 verra l'émergence d'Osez Le Féminisme, OLF.

Réflexion/activisme
Les militant-es d'OLF font régulièrement la Une des médias : interpellation des dirigeant-es des partis politiques ou des syndicats, Appel féministe contre la réforme des retraites, campagnes d'affichages massives sur les inégalités salariales et professionnelles, interventions sur les réseaux sociaux dont facebook, et un site qui témoigne de la vie du mouvement. Des réunions-débats sur des thèmes tels la prostitution, ou autour de personnalités féministes comme Caroline Fourest, directrice de Prochoix.
OLF tente d'allier les moyens traditionnels et modernes du militantisme. Et pour l'instant, ça marche. Le réseau s'étend.

Une assemblée générale structurante
Invitée sur facebook, mais aussi par téléphone à participer à l'AG fondatrice du 23 octobre 2009 à L'Institut d'Etudes Politiques de Paris, j'y arrive finalement lors de la pause déjeuner. Je retrouve Caroline, Thalia, Soudeh, Linda, Julie, Fatima, Magalie .... et Alix Béranger ( la Barbe ) qui présente son réseau.
Le matin, les représentantes du Collectif National pour les Droits des Femmes ( CNDF) et du Planning Familial ( MFPF) étaient intervenues. Des groupes de travail se sont mis en place, reflétant les préoccupations principales d'OLF : égalité professionnelle, laïcité, LGBT, mixité sociale, marchandisation du corps, éducation sensibilisation.

L'après midi fut l'occasion de présenter les associations présentes et de réaffirmer les valeurs fondatrices d'OLF : universalisme, laïcité, progressisme. Avec une volonté : imposer la question des droits des femmes dans le débat public.
Après le temps donné aux représentantes des antennes locales venues des départements, ce fut le moment solennel des votes actant la création officielle de l'association et de ses statuts. Pas de mystère : unanimité.

S'inscrivant dans la continuité des féministes des années 70, avec humour, joie de vivre et d'être ensemble, mais aussi mixité et parfois dérision, nos jeunes féministes ont terminé leur AG en chansons: OLF avait invité le groupe des "Voix Rebelles"
Prochain RV :
le 6 novembre pour la défense du droit à l'avortement.


Et déjà en gestation :

une grande campagne contre le viol qui sera lancée le 25 novembre, à l'occasion de la Journée contre les violences faites aux femmes.
Viol : la honte doit changer de camp.