lundi 19 novembre 2018

#GiletsJaunes ou corps intermédiaires, il faut choisir !

Un vrai défi que ce mouvement des gilets jaunes, qui me laisse perplexe voire inquiète. Or s'il est encore difficile d'en dresser un bilan complet, il est nécessaire d'avancer des éléments d’analyse, pour comprendre et éviter le pire.


Perplexe face au dysfonctionnement de notre démocratie où les réseaux sociaux remplacent peu à peu des corps intermédiaires ( syndicats, partis politiques, ONG, associations ...) qui, il y a encore peu de temps, permettaient de trouver des portes de sortie aux conflits.



Depuis des années, partis et syndicats ont perdu de leurs influences, empêtrés dans des luttes internes de pouvoir, parfois confrontés à des scandales financiers, et souvent soumis au clientélisme. Quant aux grandes associations et ONG, on se demande parfois si leur objectif principal n'est pas de faire prospérer leurs associations en captant dons et subventions, au détriment des objets mêmes de leurs associations. Le peu d'engouement que suscitent aujourd'hui ces corps intermédiaires en terme de nombre de militant.es montre le rejet de ces pratiques.
Or, si ces corps intermédiaires ont perdu de leur représentativité/légitimité, force est de constater que leur évitement par les gouvernements successifs ne permet pas d'éviter les colères, les débordements de violences, les révoltes plus ou moins spontanées qui ont vite fait d'être relayées par des réseaux sociaux prompts à diffuser largement "fake news" et "intox" en tout genre.
Quant au rôle des médias qui nous la jouent porte-voix de l'expression populaire du mécontentement, force est de constater que nous assistons à une dérive stupéfiante : l'impression que des journalistes tentent de créer de l'événement plutôt que permettre des analyse distanciées qui prêtent à réfléchir.

Mais ne nous y trompons pas, le mouvement des gilets jaunes représente bien une expression populaire d'un réel mécontentement des classes moyennes inférieures, voire d'un rejet du gouvernement. Or, faute d'être encadré par des corps intermédiaires aguerris, le bilan humain est lourd : 1 morte, 400 blessé.es - ce qui n'était pas arrivé depuis des lustres dans une manifestation !

Tout aussi inquiétant pour l'avenir sont les alliances entre les extrêmes sur le terrain qui l'air de rien, amènent à accepter l'inacceptable : racisme, antisémitisme, sexisme, homophobie, violences. Comment se fait-il que des partis politiques ayant des intérêts aussi divergents, tels le RN contre les impôts et la FI pour la sortie du tout carbone, puissent s'agglomérer dans une révolte commune contre le prix de l'essence ?

Va-t-on assister à la course à la récupération politique de leaders comme Jacline Mouraud à qui les médias puis les réseaux sociaux ont forgé une légitimité médiatique ?

La légitimité médiatique et celle des réseaux sociaux vont-elles remplacer celle des corps intermédiaires ? Je ne le souhaite pas car la démocratie en pâtirait.

Une démocratie apaisée a besoin de corps intermédiaires représentatifs pour faire le lien entre les individus et le gouvernement. Le gouvernement a besoin de corps intermédiaires représentatifs pour prendre les bonnes décisions dans l'intérêt général. Faute de quoi, les mouvements de révolte incontrôlés et incontrôlables risquent de pourrir le climat social de notre pays.
 

lundi 5 novembre 2018

Ballerines et sparadraps

Il y a quelques mois, Rokhaya Diallo, a fait pleurer dans les chaumières, sur le sort des personnes noires qui n'auraient selon elle, jamais eu accès à des sparadraps invisibles, preuve irréfutable du racisme ambiant !









Bien que ces sparadraps existent depuis des décennies, ce "sparadrapgate" a tout de même fait le buzz, notamment chez nos ami.es adeptes du racialisme, du différentialisme, de l'indigénisme et autres idéologies à 2 balles qui font le régal de quelques sociologues "OuinOuin" adeptes de l'auto-flagellation : je suis mâle, blanc, donc raciste.

Aujourd'hui, toujours plus haut et plus fort, Mme Diallo, a franchi une étape sur tweeter : après le "sparadrapgate", on a droit aux lamentations concernant les ballerines de danse.

Bon, va quand même falloir lui dire que même si des sornettes sont écrites sur le New York Times, cette histoire de couleurs de ballerines est bidon.

Mais si, Mme Diallo, des ballerines de toutes couleurs sont en vente depuis des décennies chez Repetto, vous savez le spécialiste des costumes de danse.

Moi-même, qui ne suis pas rose, j'ai porté des ballerines roses ! Mais oui, mais oui ! J'ai même porté des ballerines noires. Sacrilège ! Appropriation culturelle !

Bon, je me moque, mais si on pousse le bouchon un peu plus loin, c'est : à chaque couleur de peau une couleur de ballerine ? vous n'en conviendrez peut-être pas, mais laissez-moi penser que c'est absurde. Et que fera-t-on des ballerines rouges ? 

Allez, j'arrête là avec les couleurs. En fait, on s'en fiche des couleurs des ballerines, et rigoler des pleurnicheries surfaites de Mme Diallo ne signifie pas accepter le racisme.
Je voulais simplement dire que les entreprises "racialistes" et différentialistes ont l'habitude de faire du business en se parant des habits de l’antiracisme. Qu'elles fassent des bénéfices, pas de problème. Mais pas au nom de l'antiracisme, ou de l'antilibéralisme !

 

mardi 17 juillet 2018

Juillet 2018, quand la France est entrée en résilience

Quelle bonne surprise que ces trois jours de fête nationale !
Avec ces images d'un peuple rassemblé, enveloppé de son drapeau tricolore, son immense joie de vivre, son attachement aux valeurs républicaines scandées par des millions de personnes.
LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ !  VIVE LA RÉPUBLIQUE ! VIVE LA FRANCE !

Les légendes de Mathilde sur tweeter.
Quelle immense respiration laïque pour notre pays, que ce moment commun, ce temps de résilience et de bonheur collectif après les meurtrissures des attentats.

Quel beau pied de nez aux obscurantistes et racistes de tout poil que ce drapeau tricolore brandi partout en France !  Car reconnaissons-le, ce drapeau avait pris un tout autre sens ces dernières décennies, et les personnes qui l'arboraient passaient au mieux pour des ringards, au pire pour des nationalistes identitaires. Les attentats islamistes et leurs cortèges de victimes nous ont rappelé combien ce drapeau bleu blanc rouge pouvait incarner les valeurs républicaines et laïques. Ces trois jours de fête nous ont réappris combien il pouvait être festif.

Quant aux insupportables débordements de violences, agressions sexuelles, assignations identitaires des joueurs, commentaires haineux et rageurs, s'ils sont sont heureusement restés marginaux, ils nous rappellent que la société apaisée, c'est pas acquis ! Souhaitons à celles et ceux qui les ont encouragés voire y ont participé de finir dans les poubelles de l'histoire. Saluons les forces de sécurité, qui nous ont probablement évité le pire du pire ...

Le hasard de la vie a fait que j'ai traversé Paris en voiture puis à pieds, lors de la dernière partie du match. Incroyable boulevard Saint Germain désert sauf ... les attroupements tricolores sur les terrasses des cafés qui retransmettaient le match.
Arrivée à Bastille, de la tension, des personnes s'éloignent en courant : encore ces connards qui systématiquement profitent de tous les rassemblements pour plomber l'ambiance ! Nous prenons la tangente.
A Ledru Rollin, je décide de rentrer à pieds. Toujours les rues désertes et silencieuses, malgré les groupes debout aux terrasses de café avec cette question ritournelle : ils ont marqué ? Tout le monde retient son souffle, verre de bière à la main et sourire aux lèvres. Ça fait tellement de bien de croiser ces sourires ! Puis le coup de sifflet final, occuper les terrasses, les rues, les avenues pour crier la joie commune et sa fierté de la France.
Au Carillon, bar visé par l'attentat du 13 nov 2015
 " ON EST LES CHAMPIONS ! ", ce cri du cœur, signal de l'entrée en résilience de tout un peuple.
Jamais je n'ai croisé autant d'hommes et de femmes de toutes les couleurs, quartier populaire oblige, arborant joyeusement le drapeau tricolore. Jamais je n'aurais imaginé suivre une coupe du monde de football organisée par la FIFA, ni éprouver et partager tant de joie à l'annonce de cette victoire.


Merci et bravo à cette équipe de jeunes et à son entraineur qui ont balayé le mauvais souvenir de la précédente équipe de France qui nous avait mis la honte en Afrique du Sud avec ses sextapes et ses crachats sur la Marseillaise ! Une belle démonstration de générosité que de faire don des primes de Coupe du Monde à des associations. Et puis, le plaisir d'entendre un jeune joueur de 19 ans expliquer la citoyenneté aux racistes qui souhaitent l'assigner à ses origines.


Notre pays retiendra je l'espère, cette formidable leçon de citoyenneté collective et individuelle que Didier Deschamps et l'équipe de France a su délivrer à notre pays. Que cette leçon soit intégrée par tous les partis politiques, président de la République en tête, serait la plus belle victoire de notre pays. Surtout, mesdames et messieurs les politiques, ne vous en privez pas !

PS, humour toujours : 


Merci DD ! 
Emmanuel Macron en rock star, face à Poutine, j'adore !

dimanche 20 mai 2018

UNEF : il est temps de réduire la voilure !

Depuis la révolution iranienne de 1979, en France le voile est à la Une, et même le hidjab.
Si, si !
Tu veux faire le buzz ? Tu veux pourrir une réunion de famille ?
Rien de tel que mettre le voile sur la table.

Histoire de remettre 100 balles dans la machine, le 13 mai, la présidente de l'UNEF Paris4-Sorbonne, est apparue à la télé, portant hidjab et vêtements amples et longs, pour défendre la contestation étudiante de la loi ORE. Tempête sur les réseaux sociaux et dans les médias.
Pendant ce temps, des iraniennes célébraient le premier anniversaire du mouvement "White Wednesdays", se dévoilant dans l'espace public et postant photos et vidéos sur les réseaux sociaux.

M'est alors venue une petite réflexion à la mode de Saussure* que je souhaite partager avec vous, et aussi avec les responsables et adhérent.es de l'UNEF.

Petite analyse du signe VOILE :
- Le contexte du signifiant étant porteur de sens, reprenons : C'est l'histoire de l'UNEF qui conclut depuis quelques années des alliances électorales sur plusieurs sites universitaires, avec les Étudiants Musulmans de France, EMF, vecteurs des Frères musulmans. Pour rappel, le plus médiatique des Frères Musulmans est le prédicateur islamiste Tariq Ramadan. Cette confrérie ne fait pas mystère de son projet politique centré sur le sexisme, et a pour instrument de propagande, le voile.
- Le signifié du costume de madame Pougetoux ( hidjab + vêtements amples jusqu'aux pieds), outre sa charge symbolique, est un moyen de propagande pour un projet de société très inégalitaire qui va à l'encontre de tout projet émancipateur pour les femmes et de toute société démocratique moderne.

Les mots ont un sens. Les signes portés par une représentante élue, voile ou hidjab, doivent être analysés dans leur totalité. Nier leur dimension symbolique, les diluer dans des considérations qui n'ont rien à voir avec leur signifié, mais tout à voir avec un renoncement politique, augure mal des combats présents et à venir d'un syndicat.

Pourquoi l'UNEF nationale, venue à la rescousse de sa représentante locale fait-elle abstraction du signifié et choisit-elle le déni ? En opérant ce détournement sémantique, elle semble considérer qu'une femme dont le signifié renvoie à l'islam politique et qui s'exprime publiquement, est féministe et donc légitime pour représenter ce syndicat étudiant.

Pourquoi, dès lors qu'une "femme musulmane" prend la parole publiquement, devrait-elle être vue comme féministe, quel que soit le signifié du costume ? Outre que cela témoigne d'une vision englobante de "la femme musulmane" qui devrait être voilée, soumise et muette, cela relève d'un parti pris idéologique bien loin des réalités, et révélateur d'un mépris inouï qui frise l'essentialisme et le racisme !

Je ne ferai pas l'injure de prendre madame Pougetoux pour une sombre idiote qui vit dans une bulle de religiosité et n'est pas au courant de ce qui se joue aujourd'hui, à l'UNEF, en France et dans le monde. Par contre, face à des signifiants identiques, (la) voile et (le) voile, mais des signifiés bien différents, m'est avis que réduire la voilure serait salutaire, en ce qui concerne notre sujet.


* Saussure (1857-1913) est considéré comme l'un des fondateurs de la linguistique moderne