lundi 7 avril 2014

EELV entre intérêt particulier et intérêt général

Le renoncement d'EELV au « Ministère de l’écologie, des transports et de la transition énergétique », a mis en lumière un changement de stratégie des écologistes. La participation constructive serait-elle abandonnée au profit exclusif d’un soutien critique ? 
Pour décrypter cette décision, revenons sur la vie interne à EELV et  les rapports de force en présence.

Le congrès de Caen a acté l’alliance Duflot-Baupin (38%) qui a dû trouver des alliés pour obtenir une majorité de 51% des suffrages exprimés. Une courte majorité avec un léger avantage aux baupinistes qui ont gagné le secrétariat national en la personne d’Emma Cosse.
Cette alliance n’a pas apaisé les rivalités internes au courant majoritaire ni le mécontentement grandissant de certain-es militant-es qui parient sur l’échec du gouvernement Hollande. La victoire des baupinistes à Paris avec la candidature de Christophe Najdovski, tête de liste aux élections municipales en fut un épisode. 

Le refus de Cécile Duflot à Manuel Valls, une partie de billard à plusieurs bandes

D'un côté,  la majorité des parlementaires  et Denis Baupin ont clamé leur accord avec les propositions  du Premier Ministre, et leur souhait  de participer au gouvernement. Emma Cosse a  déclaré qu’EELV reviendra au gouvernement.

De l’autre côté, Cécile Duflot, en surfant sur la grogne des militant-es,  a obtenu le soutien de la quasi unanimité du Conseil Fédéral *. Les mauvais résultats du PS aux municipales ont sans doute plaidé en sa faveur. Cependant, est-il crédible de proposer comme stratégie alternative à la participation constructive, la construction d’une alternative politique dans un espace entre Mélanchon et le PS ?

Confiance au gouvernement : pour ou abstention ? 

Ce dimanche, la confiance donnée au gouvernement a été soumise au vote du Conseil Fédéral : un compromis avec les parlementaires a été trouvé : « pas de confiance à Valls, si pas de vraie réorientation ». Restera aux député-es EELV à apprécier si virage il y a ou pas, à la lumière de leur prochaine rencontre avec Le Premier Ministre.
C’est donc une victoire en demi-teinte pour Cécile Duflot.

Objectif 2017 ? 

Bloquer la participation au gouvernement lui a permis de reprendre  le parti en main et d'écarter ses concurrent-es, tout en affirmant qu’EELV était voué à gouverner.

Sa prochaine étape sera  de reprendre en main le groupe EELV de l’Assemblée nationale où elle va retrouver son siège. Sachant que  la majorité des député-es s’était désolidarisée du renoncement au Ministère de l’Ecologie, rien n’est moins sûr.
Pas sûr non plus que l’électorat écologiste comprenne cette façon de faire de « la politique autrement ». Une réussite de Ségolène Royal au Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie, pourrait changer la donne.

*Le Conseil Fédéral est le parlement d’EELV