mercredi 12 juillet 2017

Transition démographique : Macron contre les identitaires !

Ce qui est bien avec les identitaires, c'est qu'ils ne nous surprennent jamais : renversement des valeurs, déni de réalité, et hop ! Ils vous transforment un discours pointant de réels problèmes en discours raciste et sexiste.
Ainsi en a-t-il été avec le discours du président Macron ce 8 juillet, lors du G20, lorsqu'il a pointé "les Etats faillis", la nécessité d'une "transition démographique, l'un des défis essentiels de l'Afrique" et un pays "qui compte 7 à 8 enfants par femme".


macron afrique femmes

Ah, la "bien-pensance" de Politis, de Libé, des Inrocks, toujours prêts à dégainer dès qu'il s'agit de relativiser des réalités qui contredisent l'idéologie qu'ils portent ! Vite, taclons Macron et les "féministes blanches" qui défendent le droit à la contraception et à l'IVG. Vite, accusons-les de défendre capitalisme et colonialisme et de porter un discours raciste !

Mais revenons à la transition démographique, en ayant en tête les projections de l'ONU, d'une planète qui devra nourrir 10 milliards d'habitants en 2050.

Pourquoi nier la question démographique au regard de la finitude de notre planète ?

En Europe, l'inflexion de la courbe démographique a été structurée par l'accès à la contraception et à l'avortement. Elle est corrélée au niveau d'éducation des filles (comme partout dans le monde). Oh, pas que les décisions concernant les politiques de planification familiale aient été prises pour infléchir la courbe démographique. Nul complot capitaliste là-dedans ... Elles furent le résultat des luttes des mouvements des femmes pour maitriser leurs corps.

Passant sur la réalité des luttes des femmes pour leur autonomie, les médias "mainstream" se mettent à accuser "les "féministes blanches" de colonialisme et en appellent à Françoise Vergès, présentée comme politologue et féministe, pour asséner que Macron s'en prend au ventre des femmes africaines.
Mme Vergès préfère négliger que nombre des "féministes blanches" dont une partie des "343" ont soutenu le FNL lors de la guerre de décolonisation en Algérie. Jusqu'à Simone Veil qui s'est investie dans le sort des prisonnier.es du FNL ! Et surtout elle préfère nier, que la solidarité avec les femmes victimes de toutes les oppressions patriarcales dans le monde, fait partie de l'ADN du féminisme.
 
Que Mme Vergès gomme cette réalité gênante pour son propos, est une chose. Mais que des journalistes reprennent ses propos sans y réfléchir, cela interroge sur leur éthique journalistique. De là à penser que ces journalistes ne soient influencés par l'idéologie de la MAFED, ce collectif auquel souscrit Mme Vergès, et qui organise des manifestations qualifiant la France d'Etat raciste, il n'y a qu'un pas. Facilement franchi quand on voit que nombre de soutiens/membres de la MAFED ont "plume ouverte" dans des médias.

Et pourtant cette histoire de transition démographique réduite à un produit "du capitalisme, du colonialisme et du racisme" , ne tient pas la route lorsqu' l'on pense en termes d'émancipation et d'autonomie des femmes.
Partout dans le monde, la voie vers l'autonomie des femmes passe par :
- leur propre maitrise de leur corps à travers l'accès à la santé, aux soins périnataux, à la planification familiale, à la contraception et à l'avortement.
- l'accès à l'éducation
- le respect du principe d'égalité entre les femmes et les hommes, et notamment dans le droit de la famille.

Relativiser, nier ces quelques vérités, et soutenir des revendications culturelles ou religieuses archaïques concernant les femmes, c'est les maintenir dans un système d'opression au regard de leur sexe et de leur origine.
Nier la nécessité de la transition démographique, c'est refuser de penser la finitude de notre planète.

                                                                                   ( Merci à Nathalie Audin pour sa relecture )

Quelques liens pour illustrer mon propos : 



  
http://geopolis.francetvinfo.fr/pourquoi-l-algerie-rend-elle-aussi-hommage-a-simone-veil-148739

http://www.rfi.fr/afrique/20170710-demographie-galopante-une-possible-menace-pays-ouest-africains#