Dans la rubrique " Obscurantisme ", nous assistons à une étrange partie de ping-pong entre intrégristes musulmans et catholiques.
Après l'affaire de l'incendie de Charlie Hebdo, c'est une offensive tous azimuts de la part des ultra catholiques :
- remise en cause des contenus des manuels scolaires
- prières publiques pour la fermeture des centres IVG.
- manifestations devant des théâtres qui mettent en scène le Christ.
La jonction entre les intégristes catholiques de Civitas et les salafistes de Rorsane Alizza, dans les manifestations contre la représentation de la pièce de Rodrigo Garcia , nous rappelle leur objectif commun :
faire passer dans
l'opinion publique l'idée qu'une loi anti-blasphème est urgente pour la paix
sociale et qu'elle serait compatible avec la laïcité.
Critique des idées contre critique des identités
La critique des religions et de ses abus relève du débat d'idées et de la liberté de penser. L'assimiler à une critique des identités, est une forfaiture. Or, les fous de Dieu et les racistes de tout poils jouent sur les mots, et opèrent un glissement entre critique des idées et racisme. Après l'islamophobie, voilà la christianophobie !
Nous pourrions en rire, si cette confusion n'avait pas contaminé l'échiquier politique :
A gauche et à l'extrème gauche, certain-es mettent en avant les difficultés de nos compatriotes d'origine musulmane, pour qualifier de racisme toute critique de l'islam.
A droite et à l'extrème droite, certain-es qualifient d'atteintes à la chrétienté et de racisme, la liberté de créer et de penser, ainsi que le droit à l'avortement.
Par ailleurs, depuis quelques années, on assiste à l'utilisation de la législation antiraciste de notre pays à des fins peu avouables : faire taire les critiques envers les intégrismes religieux.
Fort heureusement, les tribunaux ne s'y sont pas trompés. Et l'affaire des caricatures de Charlie Hebdo a révélé l'attachement de notre République à la liberté de la presse.
Face à cet échec, les intégristes religieux en appellent à une loi anti blasphème
Sur fond de campagne électorale et de rapports de force internes à l’extrême droite, la galaxie politico-religieuse de Civitas s'agite.
Après l'OPA de Marine le Pen sur le FN, les soldats de l'ultra catholicisme et du néo-nazisme ont été sommés de ne pas trop se faire voir. Opération de communication oblige, mais les ponts ne sont pas vraiment coupés, et Bruno Gollnish s'en fait toujours le porte-voix au sein du FN.
Conséquence, nous assistons aujourd'hui à une recrudescence des manifestations de rue contre l'avortement, contre des pièces de théâtres.
Pour récupérer le vote des intégristes catholiques, en cette période d'incertitude pré électorale, certain-es député-es n'hésitent pas à avancer une proposition de loi anti-blasphème . En 2006, la proposition de loi d'Eric Raoult, député UMP, n'avait même pas été discutée.
J'ai bon espoir que cette nouvelle tentative soit vouée à l'échec.
Par contre, je reste dubitative sur les conséquences du débat qu'une telle proposition de loi risque de susciter. Les manipulations du débat sur l'identité française n'ont fait qu'aviver le racisme, et un débat sur le blasphème, à la veille d'un scrutin électoral, risque fort de faire passer au second plan la responsabilité du gouvernement dans les crises écologiques, financières, politiques et sociales que nous vivons.