Après les émeutes de l'automne 2005, le gouvernement avait pointé comme cause des violences l'absentéisme et les mauvais parents.
Résultat, en 2006,la loi prévoit de retirer les allocations familiales aux familles dont les enfants sont sujets à l'absentéisme scolaire.
Cependant, personne n'a voulu l'appliquer ! Et pour cause, chacun-e sait que la question de l'absentéisme dépasse largement la question des allocations familiales et sanctionner les familles des enfants en rupture scolaire ne conduira pas à la ré-insertion scolaire ni à la réussite scolaire.
Car le but est bien la réussite scolaire, et pas la garderie, sauf à avoir bien peu de considération pour l'institution scolaire ...
Martin Hisch, sur un autre registre, a voulu intervenir : il expérimente une autre méthode : pour limiter l'absentéisme, une cagnotte qui sera alimentée pour des projets collectifs !
Tollé général : on va payer les enfants pour aller à l'école, c'est le monde à l'envers ! Et quid des enfants qui seront dans l'incapacité de respecter le contrat et feront échouer le projet collectif ? seront-ils l'objet de règlements de compte de la part de leurs camarades de classe ? Et quid de la réussite scolaire ?
Car nous en revenons toujours à la même question :
Quels sont les objectifs de l'école : mener tous les enfants vers la réussite ou les garder au chaud en attendant leur majorité ?
Quelques chiffres :
1% des 3,25 millions des élèves des collèges sont déscolarisés
l'absentéisme concerne 5% des élèves des lycées.
Posé ce constat, il faut bien évidemment s'attaquer aux causes, multiples de cet absentéisme.
Toutes les personnes qui ont travaillé dans l'éducation souligne les conséquences dramatiques des dernières réformes : suppression des réseaux d'aide pédagogique,
manque d'assistantes sociales scolaires, d'infirmier-es scolaires, de médecins scolaires. Quant au système de santé, souvent 6 mois avant d'obtenir une consultation en CMP ( centre médico psychologique) et encore faut-il que les postes en psychologie, psychomotricité ou orthophonie soient pourvus.
Tout le monde connait des cas d'enfants, souvent violents, que les collèges se repassent, d'un collège à l'autre en attendant leur majorité, car aucune mesure d'accompagnement éducatif n'est mise en place, faute de moyens.
Or, plutôt qu'intervenir sur les causes des violences et accompagner avec bienveillance les enfants ou les familles, ce gouvernement qui a peur de sa jeunesse préfère montrer les gros bras et dénoncer, selon les moments, les mauvais enseignants, la jeunesse, les mauvais parents.
Cette fois Luc Chatel menace à nouveau de sucrer les allocs ! Il se saisit de l'examen de la loi d'orientation, de programmation et de performance pour la sécurité intérieur pour revenir à la charge ...
Il serait peut-être temps de considérer que la jeunesse est source de richesse pour l'avenir de notre pays.
A vouloir pratiquer les exclusions plutôt que la prévention, la santé, l'accompagnement et l'éducation, on risque de repartir vers des émeutes comme en 2005, ou des violences individuelles, comme celle qui a conduit à la mort d'Hakim dans un lycée du Val de Marne.
Son meurtrier ? un jeune, en rupture familiale, exclu régulièrement des établissements scolaires, et qui était passé d'un lycée à l'autre.