Cela faisait des mois que les personnels m'avaient alertée au sujet des dysfonctionnements dans les crèches et halte-garderies. Des mois qu'à l'Hôtel de Ville et à la DFPE (Direction des Familles et de la Petite Enfance de la Ville de Paris) les responsables se penchaient sur le problème des effectifs des personnels. Les réponses ne furent pas à la hauteur des enjeux !
Alors que sur le terrain, nous nous réjouissions de la création de nouveaux établissements, que la pression des parents en recherche d'un mode d'accueil diminuait, la grogne des personnels augmentait. D'ailleurs, les conseils de parents des crèches créés à titre expérimental sur le 20ème ardt soulignaient régulièrement le problème.
Alors, pourquoi notre municipalité qui se veut à l'écoute des personnels et des parents ne peut-elle enrayer le mécontentement ?
Pour avoir exercé mes fonctions pendant 7 ans dans le 20ème ardt, en charge de la Petite Enfance, j'ai été témoin de nombreux dysfonctionnements : or, élue de terrain et de proximité, je n'ai jamais été sollicitée sur ces questions !
Ni hier, ni aujourd'hui !
Ma seule intervention a donc été auprès des directrices et de leurs adjointes pour leur réitérer ma confiance, et les mettre en garde contre un danger que je connais bien, en tant que professionnelle de l'enfance : lorsque la pénurie de personnels est grande, la frontière entre bientraitance et maltraitance est ténue.
Se satisfaire d'une gestion quantitative des effectifs selon des normes qui ne tiennent toujours pas compte des réalités de terrain ( architecture des établissements, temps partiels des personnels ..... ) est illusoire.
Pour atteindre l'objectif qualitatif auquel tout le monde aspire, municipalité, parents et personnels, il nous faut rester dans l'humain, avoir une connaissance et une gestion fine des problèmes sur le terrain, au-delà de tout sectarisme et de tout dogmatisme concernant la gestion des personnels.
Mon expérience municipale m'a appris que la conscience professionnelle d'une grande partie du personnel Petite Enfance était remarquable. Mais elle m'a aussi fait réfléchir sur les problèmes de gouvernance, et notamment sur la gestion des contradictions entre les élu-es, les services ( DFPE, DRH etc) et les salarié-es de la Ville, et les familles.
Dans une Ville comme Paris, où chaque service de la Ville fonctionne trop souvent comme "un état dans l'état", il faut donc une mandature de plus pour réguler ces relations en fonction de l'intérêt général : gouverner au service de la population.
Dans ce mouvement social qui affecte aujourd'hui les établissements parisiens de la Petite Enfance, la militante de l'enfance que je suis depuis toujours n'oublie pas que les personnels nous alertent aujourd'hui sur les conditions d'accueil des tout-petits.
En cette période où la politique familiale du gouvernement est calamiteuse, la municipalité parisienne doit apporter des réponses à des questions politiques :
- quelle place pour la Petite Enfance dans la politique municipale ?
- quel accueil pour les tout-petits dans notre ville ?
- quelle pédagogie développer dans les crèches ?