Le monde de la Petite Enfance est en ébullition : des psychologues aux auxiliaires de puériculture, en passant par les professeurs des écoles, un vent de mécontentement souffle.
Mardi 17 novembre, la soirée débat organisée salle Jean Dame par le collectif " Pas de bébés à la consigne" a fait salle comble (250 personnes). Des professionnel-les des différents secteurs ont débattu des enjeux pour la qualité des modes d'accueil et la scolarisation des jeunes enfants.
Si la France est parmi les 1ers pays en Europe en accueillant presque 100% des enfants de 3 ans en maternelle, ce n'est pas le cas pour les plus petits :
1/3 des moins de 3 ans bénéficient d'une structure d'accueil. Il manque aujourd'hui 500 000 places pour les accueillir, équivalent à 5 milliards par an, soit, 1.3 % de notre PIB !
L'évolution des textes et lois inquiète les professionnel-les :
depuis 2004, les entreprises de crèches, à but lucratif, prennent leur envol avec pour conséquence une gestion déshumanisée et technocratique des structures ( inscription par internet, gestion du personnel sans tenir compte des besoins des enfants, augmentation du personnel non qualifié) . L'exemple le plus frappant : A Aix en Provence, 24 structures municipales ont atterri dans l'escarcelle de l'entreprise "Les Chaperons Rouges" par le biais d'une délégation de service public. Autre exemple : la création de jardins d'éveil qui permettent de diminuer le nombre de personnel qualifié encadrant les enfants.
Ce 17 novembre, les professionnel-les ont souligné la régression des textes concernant la qualité de l'accueil des enfants: le décret d'août 2000 avait permis d'ouvrir les structures d'accueil à toutes les familles et notamment à celles en difficultés sociales et aux enfants porteurs de handicaps. Or ce décret, porteur de valeurs humanistes est mis à mal.
Augmentation des taux d'encadrement des enfants ( en crèche et chez les assistantes maternelles), déqualification des professionnel-les, suppression de postes d'enseignants).
Les psychologues le clament : l'enfant se construit dans les milieux qu'il fréquente.
Les économistes abondent dans un sens : un service public gratuit de la petite Enfance est un investissement social pour lutter contre les inégalités, inégalités entre les enfants, inégalités entre les hommes et les femmes. Sans structures d'accueil de qualité, les femmes quittent le marché du travail avec toutes les conséquences sur leurs carrières professionnelles, leurs retraites et finalement leur autonomie. Or, le coût des inégalités renforcées entre les enfants, le coût des aides aux familles pour les gardes d'enfants, et aux femmes en situation de pauvreté est extrème.
Conclusion : l'Etat a tout intérêt financièrement à investir dans l'accueil de qualité de la petite Enfance !!!
Force est donc de constater que si l'argument financier tombe, reste les choix idéologiques d'un gouvernement dont les valeurs humanistes se réduisent à une simple question de communication.
Le Collectif Pas de bébés à la consigne ! prévoit donc d'amplifier la mobilisation et appelle professionnel-les et parents à une manifestation le 5 décembre à 14h30 à l'Opéra.