Les indicateurs de régression des Droits des femmes clignotent de plus en plus ces derniers temps. Mais là, le Tribunal de Grande Instance de Lille a franchi une nouvelle étape : en annulant un mariage au prétexte que l'épouse avait menti "sur une qualité essentielle"qu'est sa virginité, c'est la justice de la République qui cautionne l'un des symboles de la domination masculine, l'hymen !
Car c'est bien de l'hymen des femmes dont il s'agit, l'hymen mis sur la place publique.
Inutile d'insister sur l'atteinte à l'intégrité physique et morale des femmes, les protestations fusent de toutes parts....et c'est heureux !
Il y a quelques temps, une amie m'avait offert un livre de Marjane SATRAPI : Broderies. Il s'agit de broderies un peu spéciales car c'est le nom d'une opération qui consiste à recoudre l'hymen d'une femme qui voudrait paraître encore vierge. Voilà qui donne le ton des petites réunions organisées par la grand-mère de l'auteure et rapportées dans cette BD.
Et oui, c'est un phénomène qui a gagné la France : les femmes musulmanes principalement, subissent de plus en plus de pressions, qui se traduisent par un recours à la chirurgie pour recoudre un hymen !
Il est à craindre que le jugement de ce tribunal ne renforce cette tendance !
La virginité des femmes ne doit pas être un objet de justice mais doit rester une affaire privée et libre. La justice de notre république laïque n'a pas à rendre de jugement en fonction des coutumes ou de la religion des conjoints. Elle se doit de renforcer l'égalité femmes-hommes et de protéger les femmes contre toutes les discriminations sexistes et les atteintes à leur dignité.
Le Parquet n'ayant fait pas appel de cette décision, reste à la Chancellerie de saisir la Cour de Cassation " dans l'intérêt de la loi "..... ou alors, il nous faudra donc nous mobiliser pour faire changer la loi et préserver nos acquis : égalité des droits, laïcité ! Car il n'est pas question de laisser cette décision faire jurisprudence !